(Chambre des aspirants)

( dortoir des internes ->)

Vada venait de grimper l'escalier prudemment. Il écoutait les bruits aux alentours. Il n'en distinguait pas ... les étages supérieurs étaient étrangement silencieux.

Aucune présence. L'étage semblait vide. Il y avait la salle de bains dans un petit local, et la Chambre des aspirants.

" PFff, un étage entier pour trois personnes seulement ! Alors qu'on s'entasse à 10 en bas ! Mais qu'est-ce qu'ils font pour avoir mieux que nous, ces aspirants ? A quoi ils correspondent ? " pensa-t-il avec colère.

Vada se colla au mur adjacent à la Chambre des Aspirants et entendit peu de bruit, seulement les échos des étages inférieurs. Il se rapprocha alors de la porte, toujours aucune présence.

"C'est le moment ! Allons-y ! Je serais bien curieux de savoir ce qu'ils cachent ici "

Il ouvrit grand la porte et pénétra dans la pièce. Il ne fut pas déçu. La pièce était lumineuse, aérée, spacieuse.

" Moins y aura de zigotos à côté de moi, mieux je me porterai"

Il fallait trouver un moyen de prendre ses quartiers ici. Il se lança alors dans une investigation des affaires des aspirants.

Clarisse qui se prommenait tranquillement dans les couloirs, laissant comme a son habitude trainer sa barre en fer derriere elle entendit un bruit dans la chambre des aspirants.

Derriere ses lunettes noires, son regard se fit curieux.
Elle se dirigea donc dans la direction de l'endroit, sans aucune intention de violence ou quoi que ce soit d'autre. (mais bon, c'est Clarisse quand même hein? faut pas croire qu'elle a l'intention de faire des bizoux aux gens)

Elle poussa la porte qui etait ouverte et aperçut un jeune homme a la silhouette peu masculine qui apparemment etait tres occupé a fouiller dans les affaires des Aspirants absents.
Un sourire se dessina sur ses jolies levres rosé de petite fille et elle frappa trois coups sur le pas de la porte afin d'annoncer son arrivée.

- Bonjour, je peux t'aider? Demanda t'elle, prenant un air sympathique. Elle pencha la tête sur le coté et ses cheveux blonds suivirent le mouvement, lui donnant des airs de petite fille sage.

Sa robe rose rappelant celle que portaient les poupées renforcait un peu plus cette impression, mais ses lunettes noires et la longue barre de feraille qu'elle tenait dans sa petite main gantée tachaient quelque peu le tableau.

- Bonjour, je peux t'aider?

Vada venait de se retourner en catastrophe. Les trois coups de barre métallique sur la porte de la chambre résonnaient encore dans la pièce. Il faillit céder à un moment de panique, mais la volonté de s'échapper du dortoir des internes était plus forte.

Il n'avait malheureusement pas eu le temps de trouver d'éléments intéressants pour découvrir la particularité des aspirants. Et voilà cette ménagère à la féminité aussi développée que celle d'une huître qui venait le déranger.

Vada tenta de répondre avec aplomb. Mais la voix qui sortit de sa bouche, fut aigue, nasillarde, celle d'un vieux film des années 30, quand on enregistrait encore la bande sonore à part. Une voix de caricature, une voix surnaturelle, une voix calquée.


" Je suis venu chercher quelque chose pour un aspirant. Il était occupé en bas et m'a demandé de venir le chercher pour lui ! "

Vada découvrit de nouveau sa voix : encore une horreur ! Il aurait voulu se mordre les doigts. Mais il fallait bien sortir de là. Clarisse était de l'autre côté de la chambre.

Le sourire de Clarisse d'agrandit un peu plus, decouvrant ses dents droites et blanches. Bien sur, elle ne crut pas un traitre mot de ce que venait de dire le garcon et elle s'approcha lentement, regardant autour d'elle comme si de rien n'etait.

Elle s'assit sur le second lit, posant sa barre pres d'elle et regarda Vada droit dans les yeux, a travers ses lunettes noires.
- Vraiment? Et que cherche tu? Demanda t-elle le plus innocemment possible.

- Vraiment? Et que cherches-tu?

La partie semblait mal commencée. Cette gardienne semblait peu commode, rien qu'à voir sa barre de fer. Etait-ce réellement une bonne idée de venir chercher des indices ici ? Vada n'avait pas l'impression d'être en tort, en fait, qu'est-ce qui l'empêchait de venir ici ? Cependant, il sentait qu'on l'accusait.

Une réponse, difficile à formuler, sortit de sa bouche, toujours de cette voix bizarre, quasi aigrelette.

" L'un d'entre eux m'a ordonné de venir chercher son écharpe, alors qu'il travaillait dans la cour, pour ne pas prendre froid. Je n'ai fait qu'obtempérer en venant la chercher ici !"

Vada sortit la phrase d'un trait, comme pour défier Clarisse. Mais le timbre de sa voix rendit sa réponse plus risible qu'autre chose.

Clarisse se fit rebondire legerement sur le matela moelleux comme une gamine l'aurrait fait tout en ecoutant Vada se justifier de nouveau.
En entendant sa voix, elle ne put s'empecher d'emmetre un rire cristallin.
Elle se releva, n'oubliant pas bien sur son joujou favoris et fit de nouveau quelques pas dans la direction du garcon.
- L'un d'entre eux t'as ordonné... et tu as obtemperé... Fit elle doucement en reprennant soigneusement les paroles emisent par Vada.
Quelle etrange facon de formuler cela songea t-elle en faisant passer sa main sur une valise qui venait d'etre deballée.

- Et... Cette echarpe, qui te l'a demandé? Continua t'elle, reportant son attention vers lui.

Qui te l'a demandée ?

Vada commençait à perdre confiance en lui. Mais il n'avait pas le droit de lâcher. Peu importe ce qu'il devait endurer, il devait absolument retrouver sa voix originale. Il avait bien entendu l'amusement de Clarisse, quand elle avait entendu sa réponse. Machinalement, il se passa la main droite sur le cou, comme pour le protéger.

" Si elle rit encore comme ça, celle-là, je ne sais pas ce que je fais ..." pensa-t-il avec colère.

Cependant, Clarisse l'impressionnait avec son air calme et détaché. Il ne pouvait perdre et avouer qu'il mentait. De toute façon, elle savait qu'il mentait. Le combat avait changé de terrain.

" Un jeune homme qui ne m'a pas donné son nom ! C'est lui qui m'a ordonné de venir la prendre ici. De toute façon, son nom n'a aucune importance ! Vous voulez bien me laisser chercher cette écharpe ? "

Cette fois-ci, le timbre bizarre de la voix de Vada cacha le manque d'assurance du jeune homme.

Clarisse fronçat les sourcils et croisa les bras. Bien sur, elle savait que ce garcon ne cessait de mentir depuis son arrivé, la n'etait pas le probleme, seulement sa derniere replique etait assé decevante.

Son histoire ne tenait pas vraiment debout, voir même pas du tout.
La prenait il pour une idiote? Elle soupira, le devisageant toujours, puis, elle repris place sur le lit qu'elle avait quitté un peu plus tot, balancant ses jambes d'avant en arriere.
- Bien, pas de probleme je t'en pris vas y!

Elle commenca a chantonner une petite chanson dont la melodie etait certainement improvisée sur le moment, le regardant toujours derriere ses lunettes noires.
"Alors.. que vas tu faire maintenant mon petit Sinnaia? Et que faisais tu reelement dans cette chambre?" Songa t-elle, un air malicieux se dessinant sur son visage enfantin.

A force de déambulations et d'errances, la caméra à la main, l'ennui au coeur, Cortez eut soudain l'idée de... euh... la journée... on va dire... bref, il s'attela à la tâche d'un mini reportage sur la tour. On pourrait titrer ça "Inside The Tower". Ou même "Inside The Dark Gloomy Tower Of All Fears With Scary People With Scary Powers And Penguins". Mais cela aurait peu de chances de tenir sur la jaquette d'un DVD. Bon de toute façon on est pas partis pour un Oscar... quoique...

Suivant le fil de ses pensées, et de moins en moins celui de ce qui était autorisé, Cortez se retrouva dans ce 3ème étage presque inconnu de lui. Voilà. A force de rêvasser. Bien joué. Reste plus qu'à descendre en quatrième vitesse... Eviter de se faire pipi dessus de peur. Mais le problème était insoluble (dans l'hydrogène) : Cortez avait dans sa main une caméra. Et à partir de là, c'était foutu, même lui le savait. C'était plus fort que lui. La langue tirée sur le côté, comme un élève appliqué, il continua son parcours, le caméscope numérique bien tendu devant lui, les yeux rivés sur ce que l'écran prenait. Luminosité ? Check. Son ? Son...des bruits, des paroles, des gens qui parlent...

Cela le ramena immédiatement à une dimension de réalité plus... réaliste... de réalité. Instinctivement, alors qu'il était très proche des voix, qu'il n'arriva pas à identifier (elles étaient plutôt posées et ponctuelles), il dévissa son regard de l'écran LCD et regarda à gauche et à droite pour trouver un coin où se planquer.



Un placard ! Un vrai !!! Tout grand, poussiéreux, et en bois suffisamment solide au cas où on l'attaquerait à coups de hache !
Ainsi caché, ayant rangé sa caméra et ne succombant pas encore à la tentaion de filmer à travers les interstices nombreux du meuble pourrie, "Ping", tendit d'avantage l'oreille pour entendre ce qui se tramait dans la pièce proche...

[Disoulééééééééééééééééééééé. Petite baisse de régime. Kra m'a pris beaucoup de temps.]

Vada en avait ras la casquette de cette comédie. Il devait gagner du temps et prendre ses jambes à son cou. Mais il devait collecter un peu d'informations auparavant. Sinon il perdait tout.

Direction la commode fichée contre le mur le plus éloigné de Clarisse. Sss Sss, la méchante. Il se mit à ouvrir les tiroirs en cherchant une hypothétique écharpe.

" Au fait, vous les connaissez bien, ces aspirants ? Je veux dire, qu'est-ce qu'ils ont de particulier ? Pour avoir une si bonne chambre ? " dit-il de sa voix éraillée, tout en tournant le dos à Clarisse. Il ne lui laissa pas le temps de piper un mot de plus. " Vous savez, la vie n'est pas tous les jours facile dans le dortoir. Et puis tous ces guignols, ils m'énervent tellement. "

Tout en débitant ces paroles, Vada avait remarqué une petite bouteille d'eau posée sur la commode. Il ne fit ni une ni deux, se leva, et en avala tout de suite une gorgée.


Voix de basse profonde et faisant trembler les murs. Une virilité soudaine s'en dégageait.
" ALORS ? "

Clarisse le fixait toujours. Elle avait cessé de chantonner lorsque Vada lui avait parlé.

" Au fait, vous les connaissez bien, ces aspirants ? Je veux dire, qu'est-ce qu'ils ont de particulier ? Pour avoir une si bonne chambre ?
Vous savez, la vie n'est pas tous les jours facile dans le dortoir. Et puis tous ces guignols, ils m'énervent tellement. "

Un sourire compatissant se dessina sur les fines levres rosés de la jeune fille blonde. Elle le regarda boire son eau et fut surprise de son changement de voix.
En fait, elle n'aprecia pas beaucoup.

" ALORS ? "

Clarisse froncat les sourcils mais ne bougea pas d'un poils, caressant lassivement sa longue barre de fer qu'elle tenait deposé sur ses genoux.
- Si ils ont une si bonne chambre... Commenca t-elle d'une voix claire et enfantine. C'est par ce qu'ils ont un grade de plus que toi.

Elle soupira d'un air songeur, etirant ses jambes devant elle.
- Et si tu veux augmenter de grade, il va falloir te battre pour ca.

Clarisse se leva promptement, prennant soudainement un air sombre. Elle ne souriait plus et derriere ses lunettes noires, on aurait certainement put facilement deviner un regard tout aussi obscure.

- Mais... Je te conseille de faire un peu plus attention a tes jolies petites fesses Sinnaia... Ce serait domage qu'il t'arrive quelque chose n'est ce pas? Minauda t-elle.

Vada était très content de son petit effet. Sa voix avait une sonorité plutôt appropriée en la circonstance, bien que Vada la sentait tellement étrangère à lui. Mais bon, autant garder un bon aplomb. " J'aurais plus de crédibilité avec ce nouveau timbre de voix. " pensa-t-il.

Vada reposa rapidement la bouteille d'eau sur la commode. Et se retourna un grand sourire aux lèvres et un regard bleu profond. Il commença d'une voix forte et prenante.

" MOUI ! Il est certain que je ne cherche pas les ennuis. Je chercherais plutôt des soutiens, des appuis. Mais où chercher entre ces profs rebouteux dont je n'ai pas vu le bout du nez, et ces gamins attardés qui rient au moindre courant d'air ? "

Vada fit un geste vague pour désigner l'ensemble des habitants de la Tour tout en s'approchant de Clarisse.

" Ici, peu de gens savent se battre, il est vrai. Peu de personnes ont la force et la volonté nécessaires pour s'affirmer. Mais s'il faut se battre, alors je me battrai. Je compte bien commencer dès que je pourrai ! "

Vada marqua une pause dans son discours et dans sa marche. Enfin il reprit de bonne allure : " Comment avoir une chance donc ? Ne seriez-vous pas en mesure de me donner quelques conseils Madame Clarisse ? " A l'instant même où il terminait sa phrase, il posait sa main gauche sur la barre de fer de Clarisse.



" Alors ? "

Vada recula sous le choc. Ses jambes l'attiraient maladroitement en arrière. Il avait l'esprit en veilleuse, la vue troublée. Pourtant, sa colère montait.

" Qu'est-ce que je fous ici déjà ? " pensa-t-il. Tout devint flou pour lui. Quoi qu'il en soit, il ne voyait rien d'autre que cette barre en fer, ces lunettes noires, ce sourire carnassier. Il sentait cette douleur si vive.

Pas le temps de réfléchir ! Foncer ! Vada allongea le bras pour reprendre la bouteille d'eau et la balança en direction du visage de Clarisse. Aussitôt, il sautait à terre pour essayer de faire chuter Clarisse, d'un tacle bien placé...

Pffff !

La colère était redescendue, et le soulagement se fit en Vada. Il avait été humilié de la plus belle façon, mais vu l'aisance avec laquelle Clarisse se battait, il réalisa qu'il s'en était bien tiré. Il ne se retrouvait pas couvert de bleus. Par contre, il avait encore mal à la tête. Clarisse n'y était pas allé de main morte. Une belle bosse ne devrait pas tarder à apparaître. "Je vais ressembler à tous ces guignols, maintenant ! C'est le comble ! "

Vada se releva en observant Clarisse sortir toute trempée. Le spectacle de la poupée mouillée lui fit esquisser un sourire. "Bon, fouillons rapidement et partons, je n'ai pas envie de me retrouver avec un autre gardien sur les bras".

Vada ne fit que le tour de la pièce, regardant les affaires des aspirants de loin, sans fouiller, ni chercher quoi que ce soit. " Bon, je ne trouverai rien de probant ici. Autant aller questionner les aspirants eux-mêmes. "

Vada quitta prestement la pièce, laissant un bordel conséquent derrière lui.

( -> La Cour)

De nombreuses heures plus tard...

Dans un fracas pas très discret, n'est-ce pas, le valeureux Ping s'extirpa du placard, faisant voler les portes dans un nuage de poussière. Cortez était en recouvert et émergeait à peine d'une longue sieste subite, alors qu'il se cachait désespérement dans ce meuble vide en attendant que Vada et Clarisse se tirent. Faut dire, même plusieurs minutes après qu'ils aient quitté les lieux, Ping n'osait toujours pas sortir, préférant la prudence, et s'endormit malgré lui, la caméra à la main...


- Ah...merde... 60 minutes de rushes de moi en train de pioncer. Bon, faut m'faire propre, descendre l'air de rien, changer de cassette... une chance que je n'aie pas rêvé d'un souvenir... le placard serait plein d'animaux à bec... bon je me casse.

(-> Sort)